Bob Morane Les Jardins de l’Ombre Jaune Henri Vernes critique

On trouve de tout dans les boîtes à livres. Des vieilleries surtout qui ne demandent qu’à reposer en paix. Mais parfois, aussi, des pépites. Cette rubrique vous propose de jeter un coup d’œil sur ces bouquins abandonnés et glanés au hasard de déambulations livresques.

Par Yves-Daniel Crouzet (retrouvez-le sur Facebook !)

Une aventure de Bob Morane !

[Boîte à livres de Saint-Didier-en-Velay]

Bob Morane c’est la promesse de la grande aventure. C’est grâce à lui (enfin, grâce à son créateur Henri Vernes) que je suis passé de la revue Strange et des comics Marvel, à la « littérature ». Et c’est grâce à Bob Morane et à son pote américain Doc Savage, que je me suis, ensuite, passionné pour les littératures de l’imaginaire. Car, parmi mes aventures préférées du célèbre commandant et de son acolyte Bill Ballantine (« Arrête de m’appeler commandant ! » « Bien commandant ! »), celles relevant de la SF étaient mes favorites et, tout particulièrement celles mettant en scène Monsieur Ming, alias l’Ombre Jaune. Quel magnifique vilain ! Une intelligence hors pair au service du mal. Un savant fou. Un génie maléfique. L’incarnation de tous les grands méchants de la culture populaire : l’empereur Ming (!) d’Alex Raymond dans Flash Gordon, et le Fu Manchu de Sax Rohmer bien sûr, mais aussi le diabolique Docteur Mabuse de Fritz Lang, le Moriarty de Conan Doyle, le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Tout ça en un seul homme ! Chacune de ses rencontres avec « Bob Mor » était l’occasion de nouvelles inventions incroyables, de machinations machiavéliques, d’aventures rocambolesques.

Bob Morane Les Jardins de l’Ombre Jaune extrait
Les Jardins de l’Ombre Jaune, extrait de la page 12

Les jardins de l’Ombre Jaune n’échappe pas à la règle et tient toutes ces promesses. Un vrai feu d’artifice ! Il ne manque rien. Tout y est : une jolie femme en détresse (mais ça, c’est une obligation du cahier des charges !), une menace pesant sur San Francisco, des robots, des cyborgs, des morts vivants, une machine dupliquant les humains, des gadgets portatifs décuplant la force physique, des cerveaux artificiels géants permettant d’imposer sa volonté à autrui, un appareil de téléportation… Pas sûr que ma liste soit exhaustive.
Et c’est sans doute là que le bât blesse. Henri Vernes ne prend pas le temps de s’attarder sur toutes les merveilles dont il ponctue son récit. L’aventure impose son rythme effréné. Comme d’habitude, Bob et Bill tombent dans des pièges et s’en sortent ; sont faits prisonniers et s’échappent ; livrent des barouds d’honneur qui finalement n’en sont pas. Ils sauvent la belle (ici, en l’occurrence deux belles pour le prix d’une), ils déjouent une énième fois les plans de l’Ombre Jaune en empêchant Frisco de tomber entre ses griffes. Bref, ils sauvent encore le monde de la terrible menace que faisait peser sur lui le démoniaque Mongol.

Bob Morane Les Jardins de l’Ombre Jaune extrait
Les Jardins de l’Ombre Jaune, extrait de la page 140

Cette surenchère nuit à cette soixante-dix-huitième aventure de Bob Morane. Quant aux jardins de l’Ombre Jaune qui donnent son titre au livre, ils sont expédiés en quelques pages et le lecteur n’en saura que peu de choses. Quel usage leur réservait Monsieur Ming ? Quelles en étaient les mortelles et fascinantes propriétés ? Mystère et boule de gomme !
Une petite déception, donc, même si la lecture des Jardins de l’Ombre jaune m’a permis de me replonger dans mes années d’enfance où je dévorais les aventures de Bob Morane.

Bob Morane Les Jardins de l’Ombre Jaune extrait
Les Jardins de l’Ombre Jaune, extrait de la page 11.

Quelle incroyable longévité pour ce personnage, inventé en 1953, qui continue aujourd’hui encore, après la cession des droits par Henri Vernes, ses aventures extraordinaires en nouvelles, romans et bandes dessinées. Un chevalier des temps modernes, décidément inoxydable. Oui, comme le chantait Indochine dans L’Aventurier, Bob Morane c’est « Le vrai héros de tous les temps » !
(Et voilà : vous avez maintenant la chanson dans la tête ! Merci qui ?)

couverture Bob Morane Les Jardins de l’Ombre Jaune roman d'Henri Vernes
Bob Morane, Les Jardins de l’Ombre Jaune, roman d’Henri Vernes (1966), éditions Pocket Marabout (1970).

Pour lire la chronique précédente : Le Grand Meaulnes – Alain-Fournier.