première apparition de Galactus par Jack Kirby et Stan Lee

Galactus apparaît pour la première fois en mars 1966 dans le numéro 48 de la série mensuelle Fantastic Four qui porte le titre évocateur « The coming of Galactus » (« L’arrivée de Galactus »). Il est cocréé par Stan Lee et Jack Kirby, pour servir d’antagoniste à la famille des Quatre Fantastiques au cours d’un arc narratif intitulé depuis « The Galactus Trilogy », qui s’achève avec le numéro 50 de la série.
Galactus est dessiné par Jack Kirby qui lui donne l’apparence d’un être gigantesque, humanoïde, casqué et en armure. Lors de sa toute première apparition, précisément dans la dernière vignette de « The coming of Galactus », il arbore un G sur la poitrine, et des couleurs rouges et verte qui changeront dès le numéro 49 pour du rouge brun et du violet, cette dernière couleur lui restant par la suite associée.
Petit détail : le numéro 48 de Fantastic Four coûtait à l’époque 12 cents (quelque chose comme 1,19 dollars de 2025)… et se vend aujourd’hui plusieurs milliers de dollars !

La case

première apparition de Galactus
Dernière case du numéro 48 de la série Fantastic Four, mars 1966. Le texte est dû à Stan Lee, le dessin est de Jack Kirby encré par Joe Sinott, le lettrage étant d’Artie Simek.

Kirby montre Galactus sortant d’un vaisseau énorme, au point de ne pas rentrer dans la case, mais fait en sorte que Galactus paraisse plus grand encore, et imposant : il semble jaillir de son vaisseau, et lève la main gauche, comme si elle allait sortir de la case pour saisir le lecteur, et d’ailleurs cette main est coupée au bord ; l’autre reste curieusement tenue derrière la jambe droite, comme si le personnage prenait appui sur une surface invisible. Il est grand, évidemment, massif, ce qui est renforcé par le point de vue en contre-plongée : les têtes des Fantastiques (la Chose, la Femme invisible, M. Fantastique ; la Torche est hors de vue), tout en bas, parviennent à peine à entrer dans le cadre ; celle du Gardien, lui-même très grand, dissimule en partie le bas droit de la case, ce qui permet d’insérer l’annonce jaune du prochain numéro. Le lecteur est en quelque sorte mis au même niveau que les Fantastiques, les héros ici singulièrement écrasés par l’apparition.
Le rouge de l’armure de Galactus ressort en particulier : de grandes lignes parcourent le corps colossal, comme un labyrinthe d’énergie ; le cercle blanc, sur le torse, fait ressortir le G quelque peu superflu qui identifie le personnage. Le casque, qui dissimule en partie le visage de Galactus, et l’armure évoquent l’antiquité, y compris l’espèce de jupon. Ainsi Galactus, personnage qui relève plutôt de la science-fiction par la technologie et le thème cosmique, renvoie aussi par son apparence à une antiquité mythologique (de fantasy) qui le rend familier.
Le masque partiel, le G du sigle : autant d’éléments caractéristiques des costumes de super-héros et de super-vilains de l’époque (et jusqu’à nos jours). Plus tard, des scénaristes expliqueront que Galactus est en fait un concept abstrait dont l’apparence est en fait une projection de ceux qui le regardent !

Le scénario

Une partie de « The coming of Galactus » est consacré à la fin d’une aventure précédente des Quatre Fantastiques qui aident le groupe des Inhumains, menés par Flèche Noire (Black Bolt) et Médusa (Medusa) contre le traître Maximus.
Tandis que l’équipe de super-héros rentre chez elle, le Surfer d’argent (the Silver Surfer, dont c’est aussi la première apparition) traverse l’espace pour trouver une planète qui puisse servir de repas à son maître : Galactus le dévoreur de mondes !
À New York, d’étranges perturbations dans le ciel suscitent quelques problèmes que les Fantastiques résolvent sans trop de mal. Ils reçoivent ensuite la visite du Gardien (The Watcher), observateur cosmique, qui leur explique que le Surfer est le héraut de Galactus et que celui-ci a l’intention de drainer la Terre. Le sympathique Gardien cherche à dissimuler la Terre, en vain.
Une grande sphère entre dans l’atmosphère, dont émerge bientôt… Galactus ! C’est sur ce cliffhanger que s’achève le numéro.

The coming of Galactus Fantastic Four march 1966
Le titre de Fantastic Four #48.

Contexte de création

En 1993 [1], Stan Lee revient sur la création du personnage : « Galactus était simplement un personnage parmi une longue lignée de super-vilains que nous adorions créés. [Nous] avions l’impression que la seule façon de nous dépasser était d’imaginer un méchant qui possédait des pouvoirs presque divins. Par conséquent, le choix naturel était une espèce de demi-dieu, mais qu’en ferions-nous donc ? Nous ne voulions pas utiliser le vieux cliché usé selon quoi il voulait conquérir le monde. Il y avait assez de potentiels conquérants du monde dans l’Univers Marvel et dans toutes les autres galaxies du comic book. C’est alors que survint l’inspiration. Pourquoi ne pas faire en sorte qu’il ne soit pas vraiment maléfique ? Après tout, un demi-dieu devrait être au-delà du bien et du mal. Il serait simplement (ne riez pas !) affamé. Et la nourriture qu’il lui faudrait serait la force vitale et l’énergie de planètes vivantes ! »
Jack Kirby, lui, déclare en 1987 [2] : « Mon inspiration venait du fait qu’il fallait vendre, et imaginer des personnages qui n’étaient plus des stéréotypes. En d’autres mots, je ne pouvais pas miser sur des gangsters. Il me fallait du neuf. Pour une raison ou une autre, je me suis tourné vers la Bible, et j’ai eu l’idée de Galactus. Et voilà que je me retrouvais face à ce personnage gigantesque, que je connaissais très bien puisque je l’avais toujours senti en moi. Je ne pouvais évidemment pas le traiter de la même manière que j’aurais traité un mortel ordinaire. »

Au cinéma

Galactus fait une première apparition relative dans le film Fantastic Four: Rise of the Silver Surfer de Tim Story en 2007… sous la forme d’un énorme nuage cosmique, entre ombre et flammes qui rappellent vaguement le casque du personnage des comics.
Le film The Fantastic Four: First Steps de 2025 devrait proposer une apparence plus proche de celle des comics, avec une armure violette et bleue. Il est joué par l’acteur Ralph Ineson, aperçu dans des films à gros budget tels que la série des Harry Potter, Guardians of the Galaxy, Star Wars: The Last Jedi… en somme, un habitué des écrans verts !

Notes :
 [1] « Introduction » (second page, unnumbered) 1993, Marvel Masterworks: The Fantastic Four Vol. 5 (Marvel Publishing : second edition, second printing, 2007).
[2] Viola, Ken (1987). The Masters of Comic Book Art (VHS). USA: Viola, Ken.