
On trouve de tout dans les boîtes à livres. Des vieilleries surtout qui ne demandent qu’à reposer en paix. Mais parfois, aussi, des pépites. Cette rubrique vous propose de jeter un coup d’œil sur ces bouquins abandonnés et glanés au hasard de déambulations livresques.
Par Yves-Daniel Crouzet (retrouvez-le sur Facebook !)
À dormir debout ?
[Boîte à livres de Vanves.]
C’est dans la collection Marabout Fantastique que j’ai découvert mes premiers émois… fantastiques avec Bram Stocker, Mary Shelley, Robert Louis Stevenson, Jean Ray, Claude Seignolle, Robert Bloch et quelques autres. Je n’étais donc pas mécontent de tomber sur un recueil de nouvelles de Nathaniel Hawthorne, La vieille fille blanche et autre contes fantastiques, paru dans cette collection.
On peut lire sur la 4ème de couverture : « On peut dire, sans risque d’erreur, que Hawthorne est le promoteur du fantastique psychologique — cet univers fait de choses impalpables, de clair-obscur, de légères et troublantes anomalies. » Sans risque d’erreur, vraiment ?
Eh bien à la lecture de cet ouvrage, de fantastique je n’en ai guère vu. Il s’agit davantage de contes insolites ou vaguement étranges au parfum suranné. Hawthorne, surtout connu pour son roman La lettre écarlate, ami d’Hermann Melville, et influence d’H.P. Lovecraft, n’hésite pas à faire moults détours dans sa narration au risque de perdre le lecteur. Je me suis assez souvent perdu je dois le reconnaître et, pour tout dire, endormi à plusieurs reprises entre des pages joliment écrites, certes, mais manquant de nerfs. (nota pour ma pomme : éviter de lire des auteurs du 19ème siècle, le soir au lit)
Onze contes au total dont un fantôme La statue de bois qui n’apparaît pas au sommaire. (Il s’agit sans doute là de l’élément fantastique le plus frappant de ce recueil !) C’est d’ailleurs celui que j’ai préféré : l’histoire d’un sculpteur adroit mais sans génie qui n’atteindra le sommet de son art que pour réaliser la figure de proue, incroyablement vivante, d’un navire commercial.

Certaines comme Le trésor de Peter Goldthwaite ou L’artiste du beau m’ont un peu rappelé Dickens. Sans doute une question d’ambiance et de costumes d’époque.
La plus longue, Légendes de la Maison Provinciale est intéressante quoiqu’inégale. Elle est composée de quatre contes au fil desquels, le narrateur évoque les différents âges d’une vénérable bâtisse bostonienne, demeure des anciens gouverneurs royalistes du Massachusetts.

Elle se clôture avec le départ du dernier d’entre eux pour la Grande-Bretagne. Il laisse derrière lui une vieille femme à moitié folle, symbole d’un passé révolu. Des années plus tard, la pauvre, dans son égarement, remettra les clés de la maison à un gouverneur républicain. Réalisant son erreur, elle les lui reprendra avant de s’effondrer en lançant un retentissant « J’ai été fidèle jusqu’à la mort. God save the king ! ». Une page est définitivement tournée.
Amateurs de fantastique explicite passez votre chemin.
Une lecture agréable mais un brin soporifique. À conseiller aux insomniaques.

Pour lire la chronique précédente : Juste une ombre – Karine Giébel.
Pour lire la chronique suivante : Le petit dragon de Pékin – James Eastwood.