
Le mois de septembre 2025 aura vu la parution des Confessions du prince, mon quatrième recueil de poèmes aux éditions Delatour France, notamment disponible à la commande. Le livre est publié avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Comme dans mon précédent recueil, L’oiseau-naufrage, j’y mélange des proses et des vers, parfois rimés, des références explicites à certains classiques (Baudelaire, Mallarmé, Rilke…), à Hugo Pratt, à divers mythes. Certains poèmes sont récents, d’autres ont été écrits il y a plusieurs années.
Le lecteur curieux pourra lire ci-dessous quelques extraits.
Les Confessions du prince, recueil de poèmes
Il est Prince, comme on est ivrogne ou joueur de flûte, en compagnie des rats.

L’enfant
L’enfant ne parlait pas encore ;
s’il avait un sourire
c’était pour répondre à côté,
par insouciance ; un cri
de sa part ébranlait les murs
— cri de Samson à l’aube
lorsqu’un temple est un sablier
qui mélange les débuts et les fins.

Prophétie
Vous recevrez la terre où passent les dieux morts
avec reconnaissance, enfants sortis de l’ombre,
vous prêterez serment d’en explorer le corps.
Aux maîtres de grand froid qui professent le nombre
vous direz en riant la prière des fous,
de ceux-là qui ont fui les cieux pour un décombre.
Vos souliers crèveront sur un chemin de clous
tandis que vos poings noirs refermés sur des livres
en soutiendront le legs : « Souvenez-vous de nous ! »
Certains, ensorcelés, tenteront de vous suivre,
et quand perdant la trace ils auront défailli,
pour se réconforter ils apprendront à vivre.
D’autres vous maudiront de se sentir trahis ;
ils vous accuseront de n’aimer que l’absence,
de mener au désert d’un royaume envahi.
— C’est dans l’étonnement que l’amour vrai commence,
dans la soudaineté d’un regard qu’éclaircit
le beau tressaillement né d’une autre présence.
Il faut partir léger et se hâter aussi,
partir à deux, oiseaux de la meilleure plume,
pour chanter de là-haut les merveilles d’ici.
Chacun sait la leçon qu’une âme neuve allume
au sommet d’espérance, avec l’art consommé
du guetteur raffermi par l’horizon qui fume.
Chercher plus haut, plus haut ! le miracle enfermé
dans une cage bleue et de molle lumière,
appeler de ses vœux les grands vents bien-aimés…
— Quand vous traverserez à pas lents des frontières,
d’un coup vous brûlerez de la fièvre de l’or ;
mais, soulagés bientôt, redeviendrez poussière.
*
Ils n’y entendaient rien, nos vaillants capitaines,
De leurs bras s’égaillaient les anges las du soir ;
Nous les suivions quand même, enchaînés au devoir,
Et lorsqu’ils triomphaient la victoire était vaine.
Rien que la mer
Rien que la mer ;
un genévrier flotte,
des dieux dans le ressac
— la vague familière
s’éventre sur un roc,
naissance après naissance,
en nous des cathédrales prennent l’eau.
Choisir le vertige et omettre les sommets,
pousser plus, toujours plus, chuter vers les étoiles.