Alexis Bacci, entretien sur la bande dessinée

Alexis Bacci est dessinateur et scénariste de bande dessinée.
Il avait déjà répondu à quelques questions au sujet de sa BD pulp Captain Death sortie en 2019 aux éditions Casterman. Cette fois-ci, il revient sur sa collaboration avec Bastien Vivès pour la création de Lastman Stories : Soir de Match, épisode spin off de la série à succès Lastman, mais il évoque aussi ses débuts avec l’auto-édition de la BD Bikini Wars, ou encore le projet underground AKASAKE.
Se lancer dans la BD, collaborer avec d’autres auteurs, développer une relation avec un éditeur, encaisser les critiques, un échec commercial, voire un succès…  payer les factures, entretenir la passion et rebondir sur de nouveaux projets : autant de sujets abordés par Alexis Bacci sans langue de bois, ni mauvaise langue d’ailleurs…
Adolescent triste, dessin d'Alexis Bacci

– Mettons les pieds dedans : l’an 2020, c’est le covid, le confinement, le déconfinement, et maintenant le « monde d’après », où on porte des masques sauf devant les caméras… Comment vois-tu ce spectacle, crayon à la main, les dents serrées, les deux pieds sur la planche ?
 
Je n’ai pas grand-chose de pertinent à en dire et tout le monde parle déjà de ça. Je ne ressors pas de tout ceci avec une grande estime pour mes contemporains. Ça ne m’a pas arrangé non plus je crains.
 
– La bande dessinée, c’est quoi ? Et : ça devrait être quoi ?
 
Je ne pense pas être mieux placé que n’importe qui pour définir ça.
Aujourd’hui, n’importe qui qui veut faire passer son message en fait une BD ou un roman graphique. Je préfère la fiction, ça m’a plus éduqué que des blogs ou des BD de gens qui prétendent un truc …
Maintenant en toute honnêteté je ne pense pas mon travail indispensable non plus. S’il faut dessiner comme Blutch, pour faire de la BD, on ne sera pas des masses à en faire. Beaucoup de merdes disparaîtront, mais des trucs bien aussi. Donc sur le « ça devrait être quoi » j’ai du mal à dire autre chose que « blablabla c’est un art séquentiel ».

Dans sa bd Idées noires, Franquin est satirique
Le génie de Franquin au travail dans Idées noires.

C’est un art populaire qui commence à être reconnu comme une culture aux ascendances lointaines avec des grandes œuvres qui ont imprimé l’imaginaire collectif. Gustave Doré qui illustre La Fontaine n’est-ce pas un peu de la BD ? Dans la version de GO Nagai de La Divine Comédie il y a des références et même des emprunts entre autres à Gustave Doré. Les frontières sont floues, chacun à sa vision.

Si je devais faire qu’une phrase je pense qu’on devrait mettre « la BD c’est », deux points, et mettre des images.

J’y sélectionnerais : La guerre des sept fontaineset Le pays maudit de Peyo, le Strangenuméro 200, les Idées noires de Franquin, Ranxerox de Liberatore, Péplum de Blutch, Le Club des divorcés de Kazuo Kamimura, Soda de Warrant et Tome, Spirou à New York de Tome et Janry, Pravda de Guy Peellaert, Cheech Wizard de Vaughn Bodé et Putain de télé de Stan et Vince qui demeure une des meilleures BD de tous les temps et de l’univers.

Peyo crée les schtroumpfs dans Johan et Pirlouit
Peyo rend populaires les schtroumpfs dans les albums de sa belle série Johan et Pirlouit.
– En 2012 tu publies Bikini Wars avec Lulu.com, ta première bande dessinée où tu signes dessin et scénario : pourquoi, comment ?
 
En 2007 ça fait six ans que je suis sorti des gobelins, je ne dessine quasiment plus. J’ai écrit trois scénarii qui dorment dans les tiroirs et que quasi personne n’a lus. Je rêve de cinéma sur mon pieu en regardant le plafond avec des films en boucle en fond et en espérant qu’il se passe quelque chose.
Que ce soit pour le dessin animé ou pour la pub, je fais un peu de storyboard mais j’ai vraiment l’impression d’avoir tout foiré et d’être au bout de ma vie. Je suis déçu de moi et de mon niveau en dessin. Je voulais faire du cinéma et c’est clairement mal barré. Être champion du monde de Taekwondo et je vois bien que ce n’est pas trop possible.

RanXerox dessiné par Liberatore
RanXerox en allemand, ça se dit RanXeron !

Bref, ma vie n’est pas très « bigger than life ». Je me fais virer de chez Method films après trois ou quatre mois à bosser comme storyboarder sur Pinky et Perky, une série en 3D. Je le prends moyen, d’autant que j’aimais bien certains de l’équipe. Passée une soirée, je repense au projet de Bikini Wars et le lendemain matin je m’y attelle.

Deux weekends avant, j’étais parti à Londres bosser 4 jours sur les effets spéciaux de Genie in the house, une sitcom chelou. J’avais passé la journée dans un bureau en attendant qu’on me demande de dessiner les effets spéciaux de la série.

Je m’ennuyais sec et je commence à gribouiller des nanas en bikini qui font des kicks de Taekwondo, je me fais un trip comme à chaque fois que je dessine un perso, j’imagine sa vie, sa façon de parler.

Je pense que c’est une pathologie, mais bon on se distrait comme on peut. Je pense à un scénario aussi simple que possible.

Je m’étais dit : quelque part le cinéma ça dépend de trop de choses et je suis trop associable. Mais une BD, je peux peut-être la dessiner. Beaucoup de gens m’incitaient à en faire depuis longtemps. Je dessinais des BD même gamin pour faire rire mes potes. J’étais mauvais mais le seul à dessiner donc y avait pas de comparatif.

Bodé est un auteur de comics underground
Cheech Wizard, comic book du magicien underground Bodé.

Aussi, c’est une période où je trouvais que tout était de la merde. Je m’étais fait la réflexion que les mecs qui trouvaient que « tout était de la merde » en Taekwondo, on ne les voyait jamais sur l’aire de combat et je n’avais pas envie de leurs ressembler. On les appelait les « champions des gradins » et nous les méprisions.

J’ai écrit un scénario en quinze jours et j’ai mis quatre ans à la faire car il fallait bosser à coté, survivre, et vivre aussi. 

M’y coller m’a rendu plus humble je pense.

Assez rapidement je capte que je ne vais pas être édité comme ça, mon dessin n’est pas assez solide, pas plus que mes mises en scènes, je n’ai pas de nom, pas de « communauté », etc. C’est l’époque des Blogs BD, je suis plus vieux que les autres déjà.
Les gens à l’atelier, de Merwan à Domminique Bertail ou Michaël et Bastien sont extrêmement bienveillants avec moi, mais on ne joue pas dans la même cour. Il faut le dire Bastien [Vivès] m’a mis en contact avec tout le monde et personne n’a plus fait que lui pour que je sois édité. Je ne comprends toujours pas pourquoi du reste. Je me prenais vent sur vent. Il disait que j’étais comme Samuel L. Jackson et que je percerais plus tard, « vers quarante ans ». Il a dû se tromper d’une décennie, mais j’ai bon espoir.

Stan et Vince sont les auteurs de la bd Putain de télé !
Les héros de la case contre le petit écran.

Je repense à mon grand ami de promo, Boris Guilloteau, qui me fait découvrir le festival d’Angoulême sous la pluie, je fais la tournée des éditeurs, ils ne regardent même pas mes dessins. Ou alors tournent les pages sans les regarder. J’ai un petit portofolio avec les trente premières pages de Bikini Wars. C’est pas méchant d’ailleurs, juste tout le monde s’en fout. On ne m’a pas attendu. Bastien un jour tannait Didier Borg qui à l’époque bossait chez Casterman pour jeter un coup d’œil sur le projet. Je voyais bien que le mec me calculait pas et il finit par accepter de jeter un œil sur mes dessins entre les couloirs du festival à Saint Malo.

Il me dit que je devrais changer de métier, que je ne suis pas fait pour ça.

Je pense qu’il m’a rendu un service, de là je me suis dit, « je ne peux pas ne pas aller au bout ».
Comme au Taekwondo ou en général, j’ai un côté où je crois en rien mais je veux pas laisser quelqu’un que je n’estime pas avoir raison. C’est sûrement super puéril mais c’est comme ça.
J’ai trouvé ce site d’impression à la demande. Je me suis dit au pire ça existera. J’ai même écrit la version anglaise. La version française est pleine de fautes d’orthographe. La honte …
4 ans de travail plus tard j’ai vendu 80 BD en la sortant. La lose totale, j’en rigolais bien d’ailleurs, mais je m’enorgueillis d’avoir été au bout. C’était des années dures sur le plan perso. Même aujourd’hui, des fois des gens la lisent et trouve ça « cool » ou « sympa ». J’en suis content, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Je trouve que ma bêtise et ma naïveté de l’époque, de faire 280 pages de BD sans éditeur avec tout le monde qui te dit « tu vas dans le mur », est assez touchante. Et puis la BD est nulle certes, mais on a eu des bons moments aussi à l’atelier à cette époque.

Bikini Wars est la première bd d'Alexis Bacci
Drôles de dames underground.

– Ensuite, c’est Lastman Stories Soir de match, en 2018 avec Bastien Vivès au scénario, pour les éditions Casterman. Comment s’est passée la collaboration ?

Après Bikini Wars, malgré le plus gros flop de l’histoire de la BD française je pense, quelque chose a changé. Dans la tête des gens, de là, je fais de la BD. Comme un galérien certes mais quand même.
Un jour nous sommes à l’atelier et je reviens de trois mois de boulot sur une série de dessin animé en 3D pourrie, Ladybug pour ne pas la citer, où ça s’est mal passé, mais j’ai mes heures d’intermittent. Je me tâte entre bosser ou me la couler douce chez des potes à New York. Je n’ai même pas de vrai chez moi à ce moment-là.
Bastien me demande ce que je vais faire, eux c’est la gagne, ils sont sur Last Man et ça commence à bien marcher, Marion explose avec Tu mourras moins bête, mais franchement moi le coté « born to lose » me va bien. J’ai l’impression d’être le voisin simplet dans les sitcoms. À ce moment, je suis encore pas mal dans les arts martiaux, même si ça sent la fin.
D’ailleurs en rigolant je lui dit « Bast’ je pense que je me suis pas cogné assez fort sur le mur quand je l’ai pris de face, alors j’ai écrit Bikini Wars 2, je pense que je vais faire un triptyque, au final ça fera 1000 pages ». Je dis ça en rigolant, mais c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Bikini wars 2 est écrit et là j’ai le synopsis du trois. D’ailleurs Bastien le sait car il me dit

« Mais ça te branche pas de faire un Lastman ? ».

Je rigole et je prends ça pour une vanne. Puis je capte qu’il est sérieux. Au début je n’y crois pas trop. J’ai même du mal à croire que les deux autres de ses comparses soient d’accord. Encore Michaël nous sommes très amis, mais Balak préfère s’entourer de gens plus bankable et d’un autre niveau j’imagine. Ce en quoi, ils auraient tous raison de penser ça. L’animation française regorge de gens super talentueux. Aujourd’hui encore je pense que, s’ils voulaient, ça se bousculerait au portillon pour faire un spin off. Je me demande où ça en est d’ailleurs.

Alexis Bacci a travaillé sur la série d'animation Ladybug
Ladybug, le pyjama alternatif de Spider-Girl.

Toujours est-il, Bastien n’en démord pas. J’appelle deux trois amis car je ne sais pas quoi penser et honnêtement je flippe, je ne me sens pas au niveau. C’est plus facile d’être dans la lose perpétuelle et de dire à tout le monde « ouais, mais moi je vous emmerde car j’ai bon goût et j’ai vécu milles vies, prince sans royaume tralala ». Quand on te file ta chance c’est moins évident de faire son malin. Et puis se planter en impliquant tes potes avec toi ce n’est pas fair.

J’appelle le professeur Krouki de Captain Death (qui existe dans la vrai vie), qui me dit : « Mec t’es pas très bon et ton pote il est trop fort, vas-y au pire tu progresseras. Évidemment il te propose ça parce que vous êtes amis ». Il a le mérite d’être sincère, mais il picote au palais. C’est mon meilleur ami, il est d’une intelligence supérieur ce mec, sérieusement. Je me vexe un peu, mais je sais qu’il a raison.
Pareil du côté de Bertail ou de Merwan ou Ohm qui m’encouragent à accepter, mais en ménageant un poil plus ma susceptibilité.
On va prendre un verre avec Bastien pour parler du projet. Il voit une histoire de dope avec le sector et pense que moi j’ai de bons dialogues et un ressenti sur ces trucs de deal et de mafia. Moi j’aime bien m’entraîner au dessin en dessinant des sumos et des joueuses de foot US en bikini (La LFL sports). D’ailleurs Bastien a déjà créé Crystal pour le jeu de Piranaking Lastfight et dans une scénette, il en fait une meuf qui éclate des joueurs de foot américains. Les choses se mettent en place assez rapidement et naturellement.
Nous nous entendons très bien humainement mais artistiquement aussi. On a des délires communs. C’est l’éclate de bosser avec lui. Et puis, dès le début je savais que ce serait un peu « lui le chef », j’amène les idées et il fait le tri et apporte les siennes. En bonne intelligence.

Il n’y a pas d’ego à avoir ce qui compte c’est le projet.

On a un kif mutuel sur The last boyscout de Tony Scott. C’est un peu la même trame scénaristique. On est sur la même longueur d’onde. Je mets notre discussion sur papier ce qui donne le synopsis de départ. Je l’ai par la suite dialogué, mais on a fait un truc encore complètement différent. Ça a évolué plein de fois sur deux ans.

Alexis Bacci dessine pour la bd Last Man Stories
Alexis Bacci négociant incognito ses droits d’auteur. Dessin pour Last Man Stories.

On commence en 2015 à bosser dessus. Je storyboarde les 50 premières pages. Mais Bastien revient dessus et assez vite on voit que sa mise en scène est plus efficace que la mienne. Normal il est meilleur et a plus de bouteille.

Du coup, on met en place une méthode de travail où l’on parle des scènes, je crayonne éventuellement et il les boarde lui. Je reviens parfois un peu dessus mais très peu. Il me laisse toute la liberté possible.
Des fois une idée à la con que t’amène, il en fait une pleine page et d’autres que tu trouves géniales t’es une petite case dans un coin. Sur les scènes de cul ou de violent ball, je lui dit « nan mec, on fait au moins deux pages de plus » et à coté par exemple toute la scène du boot camp à la Carpenter c’est lui qui la tombe comme ça de nulle part. Pour une première BD chez un gros éditeur je ne pouvais pas être dans de meilleures conditions. Bastien a même fait des sacrifices financiers, il m’a laissé l’avance pour que je puisse faire le projet. Non, vraiment sur ce coup, la grande classe.
Je dessine d’après son board et il revient sur certains dessins. J’apprends énormément. Je comprends mieux ce que Bastien voit dans mon dessin et je capte que lui en trois minutes fait péter mes planches dix fois plus. Parfois, ça tient à rien. Affirmer un trait, mettre un à-plat noir. Je capte aussi ce qui manque à mon dessin. Niveau confiance en moi, c’est bon aussi. Bastien ne bosse qu’avec des bons. Et là il bosse avec moi.
Du coté éditorial c’est plus compliqué. Casterman tarde à signer les contrats et je ne deale pas en direct avec eux. J’en ai d’ailleurs un peu marre d’avancer sans garantie et c’est Bastien qui essuie mes sautes d’humeur liées à ça.

Dans la BD Last Man Stories, le poids des médias
Dans Last Man Stories, les hommes politiques sont plus vrais que nature.

2015 est une année horrible. Charlie en janvier, puis mon père est assassiné par sa nouvelle femme, ça enclenche un cauchemar juridique kafkaïen dans lequel je suis toujours d’ailleurs. Et puis le 13 novembre… J’étais devant « La belle équipe » une heure avant et mon amie de l’époque me dit qu’elle veut rentrer quand je lui propose qu’on s’y pose pour prendre un verre. Sans parler des gens que nous connaissons qui y étaient ou de toutes les histoires horribles de pote de pote… Comme quoi des fois, ça tient à rien. « Be-bop la vie c’est n’importe quoi ».

Un jour Bastien débarque à l’atelier et m’a dit « les contrats c’est bon » et c’est drôle car c’est Didier Borg qui les as signés. Be bop la vie quoi.
J’étais à deux doigts de tout arrêter et de quitter l’atelier voir si la vie était pas ailleurs. Nous terminons la BD. J’ai dû refaire des pages qui n’étaient pas au niveau.

C’est vraiment là où j’ai capté le prix à payer en BD. Les planches à refaire.

Tout ça.

Casterman nous a laissé les mains libres. La série animée se fait à côté et ça me met une pression de fou car je connais le travail de Jérémie Perrin ou de Bill Otomo et Baptiste Gaubert. Je ne veux pas faire pâle figure.
La BD finie, Bastien la fait lire aux deux autres créateurs de la série. J’ai fait une erreur, je veux des dialogues proches du Maître de Guerre de Clint Eastwood. Nous sommes donc super grossiers. Dans ma tête on fait notre Ranxerox. Bastien m’encourage à toujours aller plus loin, je rigole en lui disant « c’est ta carrière mec, moi j’ai rien à perdre ».

Last Man Stories et le violent ball
L’esprit d’équipe.

Michaël donne deux trois conseils sur le dessin, Balak coince un peu sur les dialogues. Nous retouchons les dialogues avec Bastien, il amène l’idée des petits encarts avec Peter Verkavik. Ce qui est malin car ça fluidifiait la narration. Je troque les dialogues trash pour des mots d’esprit plus insolents que grossiers.

Je me retrouve pour le lancement à Angoulême. C’est drôle, car on si on m’avait dit, dix avant que je reviendrais ici dédicacer sur le stand Casterman…

« Bacci ? c’est qui ? Quoi ? il fait une BD avec Vivès ? »

Des gens qui ne me calculaient jamais me font de grands sourires, des fois les revanches sont quand même parfaites. Et puis tous ceux qui m’aiment bien qui sont sincèrement contents pour moi… Je vois qu’il y a beaucoup de game quand même et je ne m’attends à rien derrière. Pour moi c’est un accident

Là, c’est assez cool, les stocks d’Angoulême partent dans la matinée. Et surtout, je rencontre la team éditoriale de Casterman. C’est un peu ça qui déclenche tout.
Avant je pensais un peu le truc méchant éditeur/ méchant producteur. Mon côté schroumpf grognon et « y’a plus de Dino de Laurentiis et on n’est pas près de reconstruire des cathédrales, c’était mieux avant… gnagnagna ».
J’avais tort, ils sont tous tops ceux que je rencontre à ce moment-là. Benoît Mouchard est un puits de culture BD et je vois qu’il capte de quoi je parle. Il aime viscéralement ça, il a une culture qui surpasse largement la mienne. Je rencontre Basile Beguerie qui devait être l’éditeur de Captain Death au début. Puis Vincent Petit mon éditeur actuel, Kathy Degreef, tout le reste de l’équipe. Kathy me présente Lloyd Chéry (journaliste et présentateur du podcast C’est plus que de la SF) par exemple par qui nous nous sommes rencontrés avec toi.
Je trouve qu’il y a un esprit très « famille » qui me rappelle celui que ma mère avait quand elle bossait dans l’automobile. C’est con, mais ce genre de moment ça répare les frustrations que l’on peut connaître en travaillant sans retours ou en mode underground.

Alexis Bacci est un admirateur de Jack Kirby
Couverture d’Alexis Bacci « à la Marvel » en hommage au « king » des comics, Jack Kirby.

Je pensais que le Stories allait tout niquer à ce moment-là, mais au final il a eu des ventes « honorables », il faut juste espérer que malgré le temps qui passe il y aura d’autres stories.

On a même eu un prix à la Japan Expo. J’apprends ça à Milan, je ne peux pas aller le chercher, et Bastien ne peut pas y aller non plus, car il est à New York. Je me dis qu’on doit passer pour de sacrés branleurs. J’étais content, ça aurait fait plaisir à mon père ce prix, et aussi que je sois chez Casterman. Il me faisait lire les Tintin quand je savais à peine marcher.

C’est une super expérience et ne reste que les bons souvenirs. Preuve en est au 31 décembre dernier Bastien m’a proposé de re-bosser avec lui sur un truc : j’ai dit oui direct.
 
– En parallèle tu portes le projet Akasake, en hommage au Ero guro japonais : mais, qu’est-ce que c’est au juste ?
 
Quand je « galérais » sur le Lastman stories, je souffrais quand même de n’avoir aucune parution, aucun retour. Peu de gens m’ont apporté du crédit pendant des années. Quelques-uns tout de même… J’avais eu une parution dans Sexy sirène (2014). Et Hervé Bourhis que j’avais rencontré pour son adaptation en série du petit livre du rock m’a proposé de faire une illustration pour son abécédaire sur Donald Trump. Pochep avait mis en avant un de mes dessins pour le tumblr « Astérix chez les Freaks ». Je leurs en étais d’ailleurs très reconnaissant.

L’auto-édition de petits zines c’est quand même un moyen de faire exister ton taf.

À cette époque, je suis pas mal de gens un peu underground. Il y a des gens comme Uno Moralez, un artiste russe qui pour moi est le plus gros tueur atomique artistique de ces dernières années. Ce mec est le boss. Il a tué le game. Aujourd’hui encore pour moi c’est le meilleur. Et tu ne peux pas faire plus underground.

Uno Moralez propose des oeuvres en pixel art noir
Oeuvre en pixel art noir d’Uno Moralez, artiste russe.

Il y a aussi un collectif qui s’appelle « Broken Fingaz » d’Haïfa. Je vois que le riso et les éditions un peu undergounds proposent quelque chose. Toute une jeunesse en plus, est dans le trip « riso ». Et je suis un peu fasciné. Les mecs ont 25 ans, ils achètent des Ranxerox, les customisent et mettent des tambours fluos pour faire des zines de dégradés. J’y comprends rien mais je les envie d’être autant animé par le feu sacré.

Je chope un bouquin qui s’appelle Sex Picnic de Broken Fingaz et un truc qui s’appelle Mean girls club en bichromie. Il y a Singeon qui était à l’atelier et qui avait sorti un bouquin en riso qui s’appelle Kimono et Suite kimono. Ça m’a vraiment incité à faire mon truc.
Par Vince je découvre le travail de Jessica Rispal sur « le bateau » (lebateau.org), une boule d’énergie cette fille. Avec Blanquet ils font aussi les crocs électriques chez qui j’aurais deux bouquins par la suite, un de dessins et un de photos argentiques prises dans les nineties.
Willy Ohm avec qui je suis très ami me fait découvrir pas mal de trucs également sur ce qui se fait en BD indé. Nous partageons un délire sur le Gekika et les parutions en bichromie ou monochromes de couleur, des mangas rétros, comme le magazine Garo.

Après la mort de mon père, pour ne pas devenir barge, je dessine douze heures par jour avec des feutres Papermate dans des carnets. Une sorte de transe de dessin pour le dessin.

Je ne fais même pas de crayonné. Du « Nopencil ». Je traîne avec Goran « mon pote de l’espace » Ivic, un tatoueur qui a appris le tatouage avec Bernard Soufflet, un mec qui était là avant les Tintin et autres. Goran m’explique plein de trucs sur le tatouage japonais, domaine que je connaissais depuis super longtemps mais de façon superficielle. Genre cours d’histoire de l’art, je pallie tous mes manques sur la question grâce à Goran.

Eldo Yoshimitsu est auteur de manga (Ryuko)
Ryuko d’Eldo Yoshimitsu (détail de planche).

Je n’ai même pas la garantie à cette époque que le Last Man sortira vraiment. Je décide de faire un bouquin en riso. Je tombe sur un Tracks d’Arte qui parle de Toshio Saeki, j’avais le Japon intime paru chez Albin Michel en 1990. Je ne saurais dire exactement comment mais tout ça aboutit à ce projet comme une évidence.

Je fais tout tout seul. Les dessins, la mise en page, aller chercher les bouquins chez Riso presto (mon imprimeur de l’époque) au fin fond du 18ème.
Julien Cespedes, un pote de Goran, me demande à l’époque de participer financièrement, il met 500 euros sur les 1500 euros que j’investis pour faire ce bouquin. En échange, on lance le truc chez lui à la dimension fantastique et on partage les benefices. Il me présente un pote à lui chez AAApoum Bapoum, une boutique que je fréquente depuis l’ouverture. Je me retrouve à dédicacer là-bas aussi, en plus avec Eldo Yoshimitsu. C’est rien peut-être dit comme ça, mais c’était mortel. J’étais super fier. Eldo est le mec le plus cool du monde et il sera dans Akasake 3.

Aaapoum Bapoum est un des hauts lieux pour la bd. C’est ce qu’il reste d’un certain esprit et d’une certaine vision de cette culture.

Eldo Yoshimitsu et Alexis Bacci, deux auteurs de bande dessinée / manga
Eldo Yoshimitsu et Alexis Bacci en dédicace.

Le deuxième Akasake, je fais venir des potes, je rencontre André Palais (atelier Hauteville) qui me propose de lancer le bouquin chez lui. C’était n’imp’, ils font de la peinture à l’huile ambiance peintre flamand avec Remi Wyart qui est un génie et Blase. Ces mecs sont des tueurs. Ils avaient exposé Vince et je m’étais dit « tiens dans dix ans, si j’ai le niveau j’aimerais bien rouler avec eux ». Je le connais depuis deux mois et André me propose de faire un truc chez lui. La méga classe des gens qui m’entourent, des fois je me dis c’était dur de mieux tomber.

On a pas trop mal marché et de là je me dis qu’on tient un truc. Tous mes amis ont joué le jeu. J’ai payé tout le monde. J’ai surement perdu 2 ans d’espérance de vie à organiser ce truc. Mais j’ai rencontré aussi Oscar Ginter (quintal éditions) qui a fait un super travail avec Charline sur l’impression et la conception du bouquin.

L’ero guro c’est un genre japonais qui mêle l’érotique et le burlesque, mais en fait c’est inspiré du marquis de Sade et d’écrits occidentaux.

J’aime bien cette idée de ponts entre les cultures. Eros et thanatos sont présent depuis toujours dans les arts, même dans le gialloitalien, la sexualisation de la mort et les dangers du désir. Tous ces trucs que mon vocabulaire ne saurait très bien définir ou expliquer. Mais disons que c’est l’occasion de faire des dessins cools, un objet un peu pop, de chercher la pertinence et l’impertinence.

le projet Akasake d'Alexis Bacci rend hommage au Eru Guro
Dessin d’Alexis Bacci pour Akasake.

Nous travaillons sur le tome 3 actuellement, il y a un partenariat avec Quintal éditions et une sorte d’exclusivité de lancement à l’atelier Hauteville qui s’est installé. Toujours dans ce délire de bosser avec des gens qu’on aime bien et dont on estime le taf. C’est d’ailleurs eux qui m’ont chauffé pour relancer le truc. Nous ne savons pas encore quand ça sortira à cause du Covid, etc. Sûrement début 2021. Sous réserve que la terre n’explose pas d’ici là évidemment.

Bikini Wars, Lastman Stories, Akasake… tous tes projets impliquent des moments de sexe et de violence. Deux mamelles de l’art ?
 
En fait cette question me fait penser à un mot qu’a trouvé Domminique Bertail sur mon boulot. Dans un com’ sur instagram il a marqué « DU BRUTAL POP ! ».
Certes il y a du sexe et de la violence mais j’espère, et j’aime à le croire, de l’humour aussi. J’évite la politique, je suis trop extrême, trop révolté, trop soupe au lait, pour parler de choses vraiment sérieuses je crois. J’ai des limites aussi, intellectuelles et culturelles j’entends. Je le vois quand j’essaye d’exprimer certaines idées, je dérape je me fais mal comprendre. Ma mère me disait « t’es un facho come ton père » et lui trouvais que j’étais « gaucho comme ma mère ». De ce que je lis d’ailleurs, trop de gens parlent ou écrivent. Les gens les plus éduqués ou intelligents que je connais s’expriment finalement peu. C’est souvent eux que je respecte le plus d’ailleurs. Si je pouvais je serais plus taiseux.
Je ne pense pas pouvoir ambitionner de parler de certaines choses. La violence c’est relatif.

Je trouve la mauvaise foi d’un avocat ou la suffisance d’un politique bien plus violente que n’importe quel dessin que j’ai pu faire. Le spectacle de la bêtise aussi c’est violent. On est bien là-dessus en ce moment. Entre les colères aveugles et les ricanements condescendants.

Sur le Last Man Stories, on m’a un peu attaqué sur le dessin mais aussi sur le fait d’être sexiste par exemple.

Alexis Bacci dessine les femmes bien dans leur sexualité
Pause clope.

Que puis-je répondre à ça ? j’ai expliqué deux-trois fois que les femmes dans Soir de match sont les vraies héroïnes et les mecs sont de petits mecs qui sont dépassés par les événements. Tout gros durs qu’ils soient. À partir du moment où je dois l’expliquer il y a deux solutions :

-Soit je ne me suis pas fait comprendre. Auquel cas, My bad.
-Soit de toute façon les gens attendent juste de s’indigner et de parler dans leurs diatribes. Auquel cas ça ne me regarde pas. Je raconte des histoires. Il y a de la violence. Tantôt légitime tantôt non. Comme dans la vie.
La phrase mise en exergue dans Bikini Wars est une phrase de Gandhi : « Tout ce que tu gagneras par la violence, une violence plus grande te la fera perdre ». Celle mise en exergue dans Soir de match ? « Il n’est pas juste que l’innocent paie pour le coupable. » de Pétrone.
Prenons Mad Max, au début il est écrit « rien ne dénonce plus la violence que les images qui vont suivre ». Pourtant, cela défend ensuite la loi du Talion devant les systèmes incompétents à faire régner la justice. La caméra au ras du bitume rend cette matière pour ce qu’elle est, le ciment sur lequel reposent nos villes et nos états. La violence et la brutalité que cela rend est celle de ce qui s’y passe. C’est l’œuvre des hommes.
Bon, ensuite Mad Max ça devient autre chose, puis Fury Road. Film que je n’aime pas car il n’y a pas de propos selon moi, ou je ne l’ai pas compris. Mais le premier Mad Max, comme le premier Rambo sont de grands films sur le sujet. Qui est le plus violent ? Rambo ? Ou ceux qui le poussent à bout ? Ceux qui lui ont enlevé son humanité ? Dans mes BD je parle plus de la légitimité de la violence que de violence gratuite. Je le pense et je l’espère.

Alexis Bacci et le eru guro japonais
Dessin d’Alexis Bacci pour le projet Akasake.

Sur Akasake, les gens peuvent dessiner ce qu’ils veulent. Sur Captain Death, je supprime ses tétons pour que la pertinence de mon propos, si pertinence il y a, soit accessible au plus grand nombre, on sait jamais si les US voulaient le publier.

 – Tu travailles en studio, en atelier : que t’apporte le contact avec d’autres auteurs ?

L’atelier Manjari date de l’été 2007 je crois. Je l’ai rejoint début 2008. Il y a ceux ou celles qui sont passés, ceux et celles qui sont restés. Nous nous apportons tous énormément je pense. Merwan a eu une influence énorme au début de l’atelier, c’était le plus chevronné en BD par exemple. Je lui dois beaucoup, des choses différentes de celles que je dois à Bastien.
Il y a Willy Ohm que j’aime beaucoup et son approche du travail m’aide énormément. J’estime son bon goût et quand il valide ce que je fais je sais que je ne vendrai peut-être pas des dizaines de milliers de BD mais que ceux qui ont des grosses exigences sur une « certaine idée de ce qu’est la BD », pourront peut-être considérer mon travail. Quand il émet des réserves je sais que je n’y suis pas.
Il y a Maxime Vigato qui fait de la photo et nous sommes très proches. C’est une bienveillance précieuse. Il a un regard. Nous nous sommes vu débuter.

Dans un métier aussi solitaire que puisse l’être le métier d’auteur de BD, les autres c’est important.

Partager son quotidien avec ses amis c’est crucial. À quoi bon vivre sans voir des gens que tu aimes ?
Le gros des rencontres des gens du métier je les ai faites par le biais de l’atelier. C’est drôle d’ailleurs j’ai eu la même chance au Taekwondo. Je fais de bonnes rencontres. J’ai le sentiment d’être un troisième couteau qui se retrouve à survivre en pro league à chaque fois. De la bonne grosse imposture quoi.

Alexis Bacci est à l'origine du projet Akasake
Logo pour Akasake 2.

Les filles de l’atelier ont du mérite de nous supporter aussi je dois dire. On a pu être particulièrement potaches des fois entre nous. Elles sont brillantes et talentueuses et ne manquent clairement pas de répartie.
Pour illustrer à quel point cela m’a apporté, je regorgerai d’exemples. Le plus marquant est la rencontre avec Dominique Bertail. À un moment je faisais de la BD mais je ne m’étais pas reconnecté au dessin à proprement parler.
Je dessinais et je regardais Bertail dessiner. Le mec a une sorte de prestance avec son charisme et son flegme aristocratique. Il bosse en traditionnel avec son encre de chine et son bleu de Prusse. Jamais une goutte d’encre à côté. En le regardant dessiner je me suis souvenu pourquoi j’aimais ça. Quand il dessine, il emmerde le monde. Il fait son truc c’est un acte de liberté infinie. Comme l’écriture ou autre chose peuvent l’être, mais pour nous c’est le dessin.

Et je me suis souvenu que c’est ce qui m’animait quand je dessinais petit. Ce truc d’« allez tous vous faire foutre je suis libre ».

Il fait SON truc. Juste ce moment, qui doit dater de 2014, ça m’a reconnecté à un truc que j’avais perdu depuis mes études en écoles d’art. Mon passage dans le dessin animé avait achevé de m’en écœurer. Je demandais timidement à Doumet, des renseignements sur l’encre de chine et l’aquarelle parce que moi je mets plus d’encre sur la table que sur la feuille. Un vrai petit cochon. Je bossais sur photoshop uniquement d’ailleurs. Un jour, il revenait de chez Junku, il m’a ramené une plume et une bouteille d’encre et il m’a dit « bon, à toi maintenant ». C’est simple, ces moment-là, ça réconcilie avec l’humanité.

Last Man Stories, couverture par Alexis Bacci
Couverture du Last Man Stories, format manga.

Et puis depuis un an et demi je suis souvent à Milan dans un autre atelier. Pareil, ça fait moins longtemps mais ils sont comme une famille.

– Dans l’actualité 2020 : la SGDL a porté plainte contre Joann Sfar pour diffamation parce qu’il a déclaré « « Il y a des organismes comme la Société des gens de lettres, qui sont censés représenter les auteurs et qui, en fait, parlent pour la filière livre dans son ensemble […]. Ils touchent parfois d’énormes sommes d’argent, qui ne vont pas aux auteurs et en fait, on n’est pas représentés. » [NB : depuis, la plainte a été retirée après que Joann Sfar a présenté des excuses.] Est-ce que ça te donne envie de prendre les armes, ou l’apéro ?

Je ne crois pas en la justice française. Donc les plaintes, les avocats, etc. On nourrit un système d’acariens et d’amibes en y ayant recours. Bien vaillant est celui qui attend de la justice de « la justice ».

Je ne savais même pas qu’il y avait une Société des Gens de Lettres.

De ce que je connais… La SACD par exemple, il y a une quinzaine d’années, nous a fait signer des contrats où nous nous sommes fait enfler. Mais en soit c’est quand même très bien que la SACD existe. Ils ont aidé plein de gens il me semble. On a ce truc français de tout critiquer. Je ne dis pas qu’il n’y a pas matière, mais c’est un peu le réflexe quand même.

Last Man Stories et le violent ball par Alexis Bacci et Bastien Vivès
Planches sur deux pages de Last Man Stories, Bastien Vivès et Alexis Bacci.

Je ne suis pas syndicaliste pour deux balles. Je ne demande jamais rien à personne c’est une philosophie de vie. Les rares fois où j’ai demandé justice ce n’était pas pour moi. Évidemment des choses m’énervent comme le rapport Racine ou un truc comme ça, qui explique que les retraites des auteurs de BD n’ont pas été cotisées.
Une chose est sûre sur les lois françaises, elles garantissent tout et son contraire. La liberté d’expression est clairement limitée par la vision subjective qu’aura un tribunal de la diffamation ou de l’injure. Je ne connais pas Sfar personnellement, difficile pour moi d’en parler du coup.

– Le marché de la bande dessinée, tu t’y baignes comme dans un long fleuve tranquille ou ce serait plutôt les dents de la mer ?

Je ne peux vraiment pas me plaindre, encore une fois. J’ai un statut particulier. Je fais des BD éditées chez Casterman qui me traite très bien. Je fais mes trucs à côté en toute liberté.

Le marché à l’air très dur certes. Pour faire l’éditeur du dimanche avec Akasake, je vois que ce n’est pas simple. Je n’en vis pas, mais j’ai le luxe de pouvoir en faire. C’est énorme.

Il y a des gens que j’adore, aussi bien chez les auteurs et chez les éditeurs, et des gens que je ne peux pas blairer. Mais ça n’a que l’importance que je veux bien y accorder quand j’ai du temps à perdre. J’essaye de me concentrer sur les mecs que je trouve trop forts et de me dire qu’un jour je serai dans leur catégorie. L’atelier est cool, sur 13 ans il y a eu très peu de tensions finalement. L’Italie aussi, c’est magique et encore une autre dimension du métier. Mon entourage est plutôt bienveillant et j’espère lui rendre.

Captain Death, Alexis Bacci, bande dessinée
Captain Death par Alexis Bacci (détail).

Je vois des trucs de merde publiés parfois et ça vend donc certes ça m’agace mais c’est que les gens sont contents de les lire. On ne sauve pas des gens non plus en les opérant à cœur ouvert sous les bombes. Faut se détendre. Sûrement que des gens ne peuvent pas me blairer non plus donc l’un dans l’autre…