Alexis Bacci, entretien sur ses influences créatives

Alexis Bacci, scénariste et dessinateur de BD (Lastman Stories avec Bastien Vivès, Captain DeathAkasake) partage aujourd’hui avec nous le délicat processus de conception d’un paysage mental créatif…

Oui, bon, ça va, c’est un prétexte pour se faire plaisir et causer dessins animés, jeux vidéos, ciné et hip-hop… entre autres. Ou comment tomber dans la bande dessinée quand on est tout petit.

Alexis Bacci enfant
Le petit Alexis Bacci en plein travail de recherche, quand il avait encore tous ses cheveux.

– Tu as grandi avec l’arrivée de l’animation japonaise en France, dans les années 1980 et 1990 : tu es un enfant club Dorothée ?

Oui, mais plus précisément je serais un enfant de Récré A2. Et pas que. Je passais beaucoup de vacances en Italie dans ma famille, et il y avait une grosse diffusion de dessins animés japonais, là-bas aussi. Donc je voyais des choses qu’il n’y avait pas en France comme L’ultimo tigro et des trucs avec des robots un peu différents de Goldorak.

Il n’y avait pas que le club Dorothée, il y avait les programme de la 5, la chaîne de Berlusconi qui abreuvait aussi de productions du genre, de Robotech à Emi magique. Il y avait les dessins animés de la 3 et de Canal Plus, comme « Ça cartoon ». Le Disney Channel des années 80 avec les classiques de Mickey ou Donald. Donc j’ai mangé un peu à tous les râteliers. Certes il y avait de la japanim’ mais aussi du Disney et du super-héros. Du Chuck Jones (Looney Tunes). Les Tex Avery au jour de l’an, de minuit à deux heures du mat’.

Et puis il y a surtout une donnée importante. De 1979 à 1993 je crois, je passe tous mes étés aux USA, à San Diego. Là-bas, je regardais la télé tous les matins de 6H à midi. Il y avait des dizaines de chaînes de dessins animés. Très peu de japanim’ à proprement parler, car les dessins animés américains étaient parfois sous-traités au Japon mais servaient surtout à vendre des jouets. Genre les Maîtres de l’univers, GI Joe, etc.

Mickey Mouse, Disney
Métaphore de l’intégrité artistique face au gros nez rouge d’un éditeur qui attend des planches en retard.

Les pubs de jouets, de bonbons et de céréales pour enfants étaient d’ailleurs assez dingues. Du coup ça allait aussi bien de la série de Batman de 1966, aux super-héros en dessins animés, aux Bugs Bunny et ça allait à Silver Hawks, Galaxy Rangers, Blackstar, en passant par tous les Hanna-Barbera et Mighty Mouse. C’était dément. Pourtant, fils unique devant la télé 15 heures par jour, je sais pas si sur le papier c’est bien.

Parallèlement à ça, mon père me faisait découvrir des choses comme les premiers dessins animés de Dave Fleisher avec Superman, ou son film sur les Voyages de Gulliver qui était un chef d’œuvre de cinema. Comme Blanche-Neigeou Fantasia.

Il y avait aussi un cinéma fantastique très présent, c’était les années VHS. Nous avions un magnétoscope. Je voyais les voyages de Sinbad et des trucs un peu obscurs comme l’animation russe avec le film de la reine des glaces de l’époque en rotoscopie, je crois, ou les Aventures de Bouratino, un film russe peu connu. C’est dispo sur youtube mais ils ont changé le doublage français pour une version calamiteuse.

Pour moi les dessins animés, les films, les BDs, les images de skate, faire du roller, la musique, le cinéma, les copains, la bagarre… c’était pareil. C’était ça la vie. Le club Dorothée, c’est 1% de tout ça.

 – Ton trait est aussi marqué par les comics : que dois-tu à Strange, le magazine de Lug-Semic qui a popularisé les super-héros en France dans les années 1970 ?

La culture américaine est très présente dans ma vie comme j’ai répondu précédemment. Je bouffe du film noir des années 50 au petit-déjeuner en ce moment, du cinéma iconoclaste seventies même quand il est chiant. Mon père avait vécu 10 ans aux USA et en parlait tout le temps.

Enfant, il n’y avait pas encore Semic, pour moi Semic c’est la fin pas le début. Je suis enfant et dans l’Araignée, mon personnage préféré c’est Mysterio. J’adore ce principe du « tisseur » que tout le monde prend pour un tocard chez mémé alors qu’il sauve le monde. Aussi il fait des blagues quand tout est grave.

Sur la suite, ça prend une importance plus inquiétante. Je suis enfant quand je lis ça, je suis persuadé qu’à l’adolescence mes pouvoirs vont se développer. Une psy m’a dit un jour « vous avez dû être très déçu ». Un peu.

Aujourd’hui, les films Marvel même si je les regarde sont devenus si galvaudés qu’ils ont pris une mythologie et en ont fait un packaging macdo. C’est un peu lamentable. Sur Pixar un pote a eu une super remarque : il m’avait dit « À force de bouffer leur propres merdes elle n’a plus de protéine ». C’est vrai pour Pixar, c’est vrai pour Marvel. Ils gâtent le truc je trouve. Je suis plus un gosse de la Cannon que de Pixar de toute façon. Alors que, clairement c’est cinématographiquement moins bien.

Uncanny X-Men 200 par Chris Claremont (scénario) et John Romita Jr (dessin).
Uncanny X-Men 200 par Chris Claremont (scénario) et John Romita Jr (dessin).

Les Special Strange des années fin 80 sont vraiment tops, même si le dessin est daté. Le procès de Magneto à paris où il accepte de se soumettre à la « justice » des hommes est dingue. C’est l’amitié qu’il a pour Xavier qui lui fait entrevoir l’idéal de celui-ci. Il se soumet à des humains qui se croient supérieurs et en force alors qu’il pourrait les broyer dans le métal des structures de leurs palais de justice.

Protéger les humains quand on est mutant alors qu’ils veulent juste vous voir crever. C’est christique, bouleversant et beau. Certainement mièvre et idiot aussi. Je pense à une scène ou Rachel Summer vient d’un futur alternatif ou elle a vu ses amis génocidés. On lui a lavé le cerveau pour lui faire traquer les siens et les abattre devant elle. L’humanité n’en ressort pas grandie, car cette vision noire est très réaliste. Quand elle voit que l’histoire risque de se répéter elle est sur le point de rendre coup pour coup, un type lui tire dans le dos et elle lui renvoie la balle. Magneto arrête le projectile et lui laisse le choix. Le choix de tuer ou de vivre. J’ai compris plein de trucs à ce moment-là, sur le racisme, la différence tout ça. 

« Grand pouvoir grande responsabilité ».  Même si aujourd’hui ça devient une phrase de beauf genre « je suis ton père ». Il faut remettre dans le contexte de comment ça impacte le cerveau à 6/8 ans. Jusqu’à mes 13 ans c’était plus que des BD mais des propositions de projets de vie. 

Des guides de vies pour affronter une réalité ou mon père ne me donnait pas les clefs. Celles que j’ai me viennent des Strange, de Belmondo et de Bruce lee.

La crise mystique que connaît Tornade quand elle perd ses pouvoirs et se fait une crête punk est super aussi. Elle devient super dark et froide et personne ne comprend. Moi je la comprenais tellement. Quand elle bat Cyclope en salle des dangers pour devenir la chef des X-Men. C’est très dur comme scène, je lui en voulais de ne pas être cool avec lui. S’en suit cette couverture, la plus classe du monde avec « le départ de Cyclope ». Le mec seul part sans ses amis. C’est terrible.

Elle était pure, Tornade, « était », ce n’est pas elle sa crise, c’est eux. L’humanité, sa vie, ses amis. C’est de la philo. J’étais fort juste en philo à l’école, mais grâce à Strange et Spécial Strange.

X-Men 138, Chris Claremont et John Byrne (Special Strange)
Cyclope quitte les X-Men, dessin de John Byrne et Terry Austin.

Aujourd’hui, j’ai une amertume, quand je vois les reboot sans fin, la beaufisation des super héros. « Stan Lee est le père de tous les super héros ». Les mec savent se servir d’internet pour lâcher leurs com’ de merde, mais ils ne vont pas chercher qui est Kirby, Ditko ou Romita Junior. C’est eux qui bossaient vraiment, qui FAISAIENT, les choses. Avec la hype il y a une sorte de démocratisation de Kirby, c’est déjà pas mal. Reste aux gens à faire plus de recherches sur Bob Kane et Ub Iwerks. J’ai une petite rancœur sur Stan Lee ou Disney, les mecs étaient sûrement des visionnaires mais pourquoi déposséder les créateurs ?

Ce n’est pas si noir, on commence par cette démocratisation à « rendre un peu à César ». Jean Frisano n’a pas eu un grand succès à Angoulême de ce que j’ai entendu dire mais ils ont sorti un super bouquin sur son œuvre. Stéphane Beaujean (le DA du festival d’Angoulême) fait un super boulot de transmission je trouve. Aujourd’hui ceux qui veulent trouver peuvent trouver. C’était moins le cas il y a trente ans.

Le Strange 200 avec un paquet de fraises Haribo, il fallait voir ce que c’était à l’époque.

Cette période a des runs incroyables sur Daredevil. C’est juste que des fois c’est dur de revenir de l’enfance peut-être. Ce n’était pas à la mode d’être geek. Aujourd’hui, c’est une personnalité comme une autre. T’as le choix entre ça, vegan, cross fiter, SJW…

Je ne parle même pas des histoires d’amour impossibles. Colossus et Kitty Pride quand il revient des guerres secrètes… Nous sommes dans de la tragédie.

Arrivent les années Semic, les X-Men par Jim Lee, je décroche un peu. Spawn, Pitt tout ça… Les couleurs photoshop. Je lâche un peu et de toute façon ces année-là je suis plus dans le délire cinéma et dans les sorties, le hip hop, la défonce, les bagarres, le roller.

Dessin de Gō Nagai, La Divine Comédie, 1994-1995
Gō Nagai, La Divine Comédie, 1994-1995, d’après Dante.

– Donc : Gō Nagai ou Jack Kirby ? Quels sont tes maîtres ? Quelle est la place de la franco-belge dans ta culture bd ?

Gō Nagai me fascine beaucoup, ce truc de « je te raconte un délire comme si j’ai 13 ans et que je me fais mon trip en toute innocence et sans aucune limite ».

J’adore l’esthétique de Kirby, je connais son travail depuis les années Strange Special Origines. Je n’étais d’ailleurs pas à bloc sur les histoires ou la narration. Les 4 Fantastiques m’ont toujours profondément ennuyé. Mais j’ai une passion pour Fatalis (Dr Doom). Je me sentais plus proche de lui que des autres. Comme si lui, il avait de vrais problèmes. Son génie, son coté monarque. Sa grande idée de la Latvérie. Le fait d’être défiguré. De se sentir aussi incompris et prisonnier de vieilles rancunes. Ce mix, très américain et vulgaire, du fantôme de l’opéra, de l’homme au masque de fer entre autres. Je trouve que ça marche très bien.

Dessin de Gō Nagai, Divine Comédie, 1994-1995
Gō Nagai, La Divine Comédie, 1994-1995, d’après Dante.

D’ailleurs c’est pour ça que, lorsqu’il est déporté sur la planète du Beyonder, pour les Guerres secrètes, afin que les super-vilains et les super-gentils s’affrontent, il est me semble-t-il avec Magneto dans l’équipe des super-gentils qui les rejettent.

Malgré tout ça, je suis biberonné au franco-belge avant tout. À la campagne il y a une collection de Tintin que je lis plusieurs fois par séjour et des années durant. Hergé c’est quand même le LA. Mon père m’abonne au Journal de Mickey mais je décroche assez vite je préfère Karate magazine et Bruce Lee. Arrivent quelques années ou je lis Spirou. C’est l’époque de L’Horloger de la comète et de Spirou et Fantasio à New York. Mon père me fait découvrir les Spirou et Fantasio de Franquin. Et puis Gaston. Gaston c’est la claque.

Dessin de Franquin, Gaston Lagaffe
Un gag de Gaston Lagaffe par Franquin.

Un jour, au Carrefour de la porte de Saint Cloud dans le rayon BD je tombe sur les Idées noires de Franquin. Je dois avoir 8 ans. Mon père ne veut pas me l’acheter, il trouve la couverture trop « bizarre », mais il cède quand je lui dis « mais c’est comme Gaston, c’est Franquin ». Je me revois, au retour, dans la BM de mon père, lire ça dans le noir en revenant sur la route avec des lampadaires qui défilent. Mon père me disant que je vais m’abîmer « les yeux, attends d’être à la maison ».

Les Idées noires ça m’a parlé très fort. Un peu comme le film Tenue de soirée. Tu touches un truc qui n’est pas de ton âge. C’est grisant. Il y a eu un avant et un après comme avec certains films ou certaines musiques. Le premier son de dingue que tu entends, la première défonce, la première patate dans le nez, la première rupture, la première trahison d’un ami… « The first cut is the deepest » comme dit la chanson.

Je prends quelques baffes ensuite avec Corben et Miller dans USA comics. Puis Liberatore et l’album Souriez ! (The Killing Joke) de Batman. Ils ont osé refaire les couleurs de cet album. C’est criminel.

Batman : The Killing Joke, par Alan Moore (scénario), Brian Bolland (dessin), John Higgins (couleurs), 1988.
Batman : The Killing Joke, par Alan Moore (scénario), Brian Bolland (dessin), John Higgins (couleurs), 1988.

J’aime bien Vaugh Bodé, peu connu, qui a marqué le mouvement graffiti avant que tous ces blaireaux d’école d’art se la jouent street art. Je ne peux pas blairer ce que fait Banksy par exemple. Quel truc de beauf, ça ou Obey. Je suis de l’époque des graffiti artists. Les mecs prenaient des risques, c’était spontané et gratuit. Pas un business. C’était l’explosion du hip-hop, on appelait ça « le mouvement ». Aujourd’hui, voir n’importe quel immeuble haussmannien défiguré par un blaireau qui a fait sa croûte avec un vilain dessin ça me rend barge. J’ai vieilli, c’est moche.

Époque graffiti, tout compte, tes lettrages, tes couleurs, ta maîtrise de la bombe, ou t’as tapé ta pièce.

J’ai toujours le réflexe de regarder les fresques sur les voies ferrées. Je connaissais certains graffeurs, notamment chez des crews comme les TW. On traînait avec un pote d’enfance, Silvio Magaglio, sur les terrains vagues devant les mode 2, psycreez, kea, does oner… On avait treize ans quand on allait Quai de la gare ou à Mouton Duverney. Encore aujourd’hui je calcule des trucs, genre un mec qui graffe « DOOOOOOOSE » avec de beaux lettrages et toujours de bonnes couleurs. Celui qui graffait « MARS » est décédé il y a quelques temps, c’était le meilleur ami d’un ami. Les voix de chemin de fer sont encore recouvertes de son blase partout en Ile-de France, je pense à lui chaque fois que je vois ça. Il a marqué son époque.

Le mouvement graffiti doit beaucoup à Vaughn Bodé, notamment le système de flop letters. L’utilisation de ses persos comme Cheech Wizard ou Lizard Zen sur les trains new yorkais. Le livre Subway Art m’a autant marqué que Franquin ou Kirby.

Diabolik, crée par Angela et Luciana Giussani
Métaphore de la deadline qui rattrape l’auteur de bandes dessinées.

– Au fait Bacci, Bacci, ça sonne italien… si je te dis fumetti ?


Ma mère est née à Milan et mon père était Français d’une mère Algérienne-Sicilienne. J’ai passé beaucoup de temps en banlieue milanaise chez ma tante, elle avait un magasin de journaux. Je déteste le foot, et en Italie c’est compliqué. Donc je regardais dessins animés et films en italien non-stop, sans rien comprendre. 

J’adorais les couvertures des fumettis, de Diabolik à Dylan dog, mais je ne comprenais rien aux histoires, frustrant.

Un jour, j’ai raté la sortie de « l’encyclopedia della paura » un truc dans Dylan Dog. Le dessin me fascinait, j’ai pu l’avoir 20 ans plus tard sur ebay.

Par contre le trauma le plus particulier lié à l’Italie et à cette culture-là c’est les Dario Argento vus très jeune, beaucoup trop jeune… Et les « fumetti sporchi ». Des BD pornos italiennes. Les couvertures d’Emmanuel Taglietti et de Alessandro Biffignandi étaient magnifiques. C’est sûrement fondateur chez moi. Je prenais de grands livres de Topolino (Mickey) et je planquais dedans un bouquin porno. Pareil j’ai 8 ou 10 ans. Je lisais sans comprendre mais c’était trash sukia, jacula, la poliziotta, outretomba. Il y avait des goules homos, du bdsm, des violeurs, des violeuses, des filles qui émasculaient les hommes, des partouzes médiévales avec des loups-garous.

 

Dylan Dog, création de Tiziano Sclavi.
Dylan Dog, création de Tiziano Sclavi.

En particulier une histoire dont je me souviens encore, ambiance film de la Hammer. Un lord anglais qui ne s’excite qu’en couchant avec des femmes qui ont des particularités physiques monstrueuses. Il trouve dans la rue une femme genre lilliputienne qui fait 20 cm, la taille de son sexe. Comme quoi la vie est bien faite des fois. Il l’enferme sous une cloche et la sort pour qu’elle s’occupe de son sexe. Je trouvais ça tellement barré j’étais fasciné.

Mon cousin un jour me dit cool tu lis Mickey ? Il regarde et capte que j’ai un fumetti porno à l’intérieur, il m’a regardé comme si j’étais le diable. Ces trucs étaient lus par des pervers, des mafiosi locaux au rabais et par le curé du bled.

Zora la vampira, fumetti, couverture
Zara la vampire en français fut publiée en version censurée par Evilfrance.

– Marvel domine les blockbusters depuis un bon moment maintenant, les super-héros d’une façon générale occupent tous les écrans, cinéma ou série télé… tu frémis encore quand on évoque les Avengers ou Batman (DC) ?


Dans les années 90 dans Mad Movies, il était souvent question d’adaptation des super-héros à l’écran. On en crevait d’impatience. Il y avait Rocketeer, Dick Tracy, les Batman de Burton (dont le 2 reste un excellent film). Quand le premier X-Men est sorti, je m’attendais tellement à être déçu que finalement j’avais trouvé ça pas mal. Je trouve quand même qu’ils pervertissent la pertinence du sujet. Et puis, plus ça a été plus j’ai trouvé les films assez médiocres, même quand ils étaient divertissants.

Malgré tout, si ce sont des films de commandes avec des films makers aux manettes, plus que des films de cinéastes, il y a quelques moments. Dans Thor j’ai bien aimé certaines choses. Le Destroyer, j’étais au Mk2 Nation en sortant de l’atelier et j’ai eu un kiff d’ado. J’ai facilement une larme ou un kif d’ado. Je peux être bon public.

Sur les Batman, j’ai clairement décroché et je ne parle même pas des Superman qui sont in-regardables. J’ai trouvé les Kickass plutôt frais. Deadpool aussi. Bon, il y a toujours ce côté ricanant qui est loin du premier degré qui me faisait vibrer dans les BD.

C’est parfois vraiment raté, mais ça se sauve s’il y a une bonne scène. Ça dit aussi quelque chose de l’état du cinéma aujourd’hui je pense. C’est très « série télé ». Si les séries ont tant de succès c’est aussi que ce que propose le cinéma n’est pas folichon. Je ne regarde quasi pas de séries du reste. Et sur les séries Marvel, c’est en dessous de tout.

Batman Returns, Tim Burton
Michael Keaton dans Batman : Le Défi (1992) par Tim Burton.

Black Panther par exemple est un film assez bon, avec de bonnes scènes, c’est un bon produit faute d’être un grand film. Mais si on le prend en exemple pour parler de ce que serait la nouvelle Blacksploitation, il serait emblématique. Le gentil blanc, le méchant blanc. Le gentil noir, le méchant noir. Ça flatte toutes les « so called minorities ». Ça s’assure de pas trop écorcher les susceptibilités. C’est très propre. Voir propret. Mais ça défend de bonnes valeurs et en ça, ça retranscrit un certain esprit Marvel. C’est bien joué. Je ne me sens pas concerné mais c’est un bon produit.

Même si les films sont des merdes, je les regarde je dois l’avouer. On ne peut pas non plus toujours se lire Dostoïevski au petit déj…

Je n’ai pas vu Joker, mais rien qu’à la bande annonce j’ai su que ça me gaverait. Ceux qui en tombent des nues n’ont pas dû voir La valse des pantins ou même Taxi Driver.  Une bonne photo ne fait pas un film. On a fait le tour de ça je pense. Je vois venir le coté « regardez les fous, ils sont beaux mais c’est pas leur faute c’est la faute du système ». Moi j’ai pas du tout cette vision de par mon histoire personnelle déjà. Mon père a été assassiné par une schizophrène, protégée par la loi car considéré « malade » elle hérite même de lui. Alors la souffrance des schizos et de leurs familles je m’en carre.

Voir les gens brûler des caisses ça ne m’a jamais transcendé. Les gens se galvanisent d’histoires comme ça et quand ils prennent une patate ils pleurent. Ben oui, mais c’est ça la violence. C’est ça quand on tue tes proches et que l’état fait hériter les assassins (comme dans mon cas), ça fait mal. « ok c’est la faute de la société tu comprends et des super riches qui nous oppressent… »…. On n’est pas rendu… Je sais que bûler des voitures qui appartiennent à des gens qui n’y sont pour rien ça ne me rendra rien. Je trouve quand j’entends que « c’est un film gilet jaune » que c’est bon, on est au point Goldwyn de la bêtise absolue. Ça ne me donne aucune envie de le voir. Je pense que l’art ne doit pas que divertir mais un peu éduquer les gens en leurs apprenant à réfléchir et je n’ai pas ce sentiment sur ces films de ce que j’en entends. Je n’ai pas ce sentiment sur les films Marvel en général. D’ailleurs les afficionados que je connais de ce cinéma n’ont pas une grande culture ciné sorti de ça et Star Wars…. Star Wars faut même pas me lancer sur le sujet.

Belmondo dans L'Alpagueur de Philippe Labro, 1976.
Belmondo dans L’Alpagueur de Philippe Labro, 1976.

– En quoi le cinéma est-t-il une de tes sources d’inspiration ?


Quasiment tout ce que je sais je le dois au cinéma. Plus qu’à la BD, qu’à la musique, qu’à mes pairs ou à mes maîtres. J’ai dû voir les Affranchis environ 500 fois, comme Robocop, Le Professionnel, Taxi driver, Phantom of the Paradise ou Class 1984. C’est après, ado, que j’ai vu les films de Marcel Carné, Claude Sautet, les classiques comme Casablanca

Comme j’adorais le Bebel du Professionnel je les louais tous dans un vidéoclub du coup j’ai vu aussi les Week-end à Zuydcoot, Léon Morin, prêtre en étant enfant. Mon père m’avait enregistré Les tricheurs de Marcel Carné sur le cinéclub du dimanche soir sur la 3. Du coup porte ouverte pour moi aussi sur La beauté du diable avec Michel Simon ou les classiques italiens ou américains. Cinéma de quartier » de Dionnet m’a fait découvrir aussi tout ce qui est films de la Hammer ou Mario Bava.

C’est un sujet qui me touche particulièrement le cinéma. Je regarde les films français récents et je suis dégoûté la plupart du temps. Encore que je vois une légère amélioration. Mais bon il faut dire qu’on a eu un tel niveau a un moment que l’après a été dur à gérer je pense.

Je passe mon temps à écouter Jean-Baptiste Thoret. Ce mec est génial. Il me rappelle Alain Monclin qui nous donnait des cours de cinéma aux gobelins. Il m’apprend la vie.

Une ex-petite amie un jour, avait eu un mot assez juste, elle m’avait dit « pour toi c’est pas des films c’est des endroits où tu vas ». Je voulais vivre comme dans les films plus que faire du cinéma. Kirby disait « la Bd te brisera le cœur ». Moi ce fut le cinéma.

De Bikini Wars à Captain Death tout mon travail repose sur le vocabulaire que je me suis fabriqué au cinéma. Je déteste cette époque ou en un coup de Google on sait tout. Comme les vieux profs qui disaient que les calculettes électroniques étaient des machines à fabriquer des imbéciles. La mémoire et la culture ne sont plus une valeur ajoutée. N’importe qui te tape un podcast, raconte un peu n’imp’ de ce qu’il a lu en se renseignant sur le sujet ici et là en une aprem’…. Ce n’est pas sérieux. Une cinéphilie ça se construit, il faut déjà être cinéphage quelques temps pour pouvoir y prétendre. Je ne pense pas y être. Après il y a cette magie aujourd’hui de pouvoir un peu tout trouver.

Super Mario Kart, jeu Nintendo, 1992.
Super Mario Kart, jeu Nintendo, 1992.

– Et les jeux vidéos ?

J’ai vu toute l’évolution. J’ai eu un Atari 2600, une Sega Master System, un Amstrad cpc 6128, une N64, la Dreamcast ma console préférée. J’ai été élevé avec le fils de la gardienne et ensuite étant dans le même bâtiment, c’est comme mon frère, alors de 8 a 18 ans on a passé beaucoup de temps à ça, il avait tout lui.

Des potes font des soirées retro gaming c’est super cool. Mais j’essaye de ne pas trop tomber dans ça. Sur l’apport de la culture japonaise les jeux vidéos ça a clairement enfoncé le clou. Et puis les dessins étaient faciles à reproduire.

Les FPS ça m’a perdu par contre, j’aimais pas ça et depuis 2003/ 2004 j’y joue rarement. Un peu de retro gaming dans le train quand j’ai de longs trajets. Mais j’essaye de lire plus alors j’évite les jeux vidéos.

J’ai beaucoup de nostalgie sur les parties de Mario Kartavec les potes. Un peu comme beaucoup en fait. Je pourrais faire une liste de jeux mais bon ça n’aurait pas d’intérêt. On a un peu tous la même histoire là-dessus j’ai l’impression. Les jeux étaient plus variés avant je pense. Il semble y avoir des trucs très bien mais comme pour les séries je passe complétement à côté. J’ai pour le coup une culture sur le sujet très dans la moyenne de ceux né en même temps que moi. Voire moindre. On a tous nos petites anecdotes, moi j’étais nul à Street Fighter et à Wipe Out.

Fugees, The Score, 1996
Fugees, The Score, 1996

– Il n’y a pas que l’image dans la vie d’un auteur de bd : quand on te lit, on sent que tu as écouté du classique, je veux dire, du rap… Mais en fait les pochettes du Wu-Tang Clan, par exemple, rendent hommage à tout un univers de la bd et du ciné populaires… Est-ce une influence ?


Je suis super nul en musique mais j’en écoute tout le temps. J’étais chanteur dans un groupe de rock plus jeune, béni soit le fait qu’il n’y ait pas d’image ou de son pour en témoigner. Ça n’a pas duré.

Je ne suis pas très Wu-Tang d’ailleurs. Je préférais 3rd Bass, Public Enemy, KRS-One et Ice Cube ou Fugees. Le hip-hop rentre très tôt dans ma vie. J’habitais à côté du Trocadéro donc je croise les Paris City Breakers j’ai 6 ou 7 ans, quand mon père me promène là-bas.

Je suis très top 50 et aux ÉtatsUnis je suis sensible à MTV et VH1. Plutôt rock, et puis le hip-hop emporte le truc, mais même en pleine explosion, dans les nineties des fois avec un pote on fume des pétards en écoutant Chérie FM. Je bloque sur des OST comme celles du Rocky Horror Picture Show ou Phantom of the paradise. Suivant les bandes de potes avec qui je traîne, je me colle à ce qu’ils écoutent et j’en garde ce qu’il me plait.

Il y a des moments de vie qui collent a des morceaux, J’étais en cours rue des écoles à côté du Champo. Le midi plutôt que de manger avec l’argent de poche j’allais m’acheter des vinyls d’occase juste en face chez Gibert. C’était un autre Paris. Les CD coûtaient 100 francs et 60 d’occase. Un vinyl pouvait coûter 5 ou 10 francs. Je m’étais fait une culture comme ça.

Période Guitar Heroes seventies, période reggae, période psyché… Les CD ont se les copiait sur des K7, on s’enregistrait les Nova mix d’Assassin NTM ou plus tard des Fugees et de la Cliqua.

Je me rappelle que vers 89, on entendait Assassin et NTM sur Nova. On ne comprenait pas comment ces mecs arrivaient et foutaient le bordel dans une radio. C’était dément pour l’époque.

Un jour un pote chez lui me fait voir le maxi du monde de demain avec le graf de Mode 2 et les photos de Mondino. Il pose le disque et j’entends le sample de Marvin Gaye. Bon il s’est passé un truc dans mon corps à ce moment-là. On rappait dessus les paroles par cœur. Ça devait être beau à voir encore…. Heureusement qu’on ne se filmait pas pour se poster sur youtube. J’aurais plus qu’a me faire adopter par des pygmées sinon.

À peu près à la même époque sort le premier maxi de Solo, Squat et dj Clyde  (Assassin) : Note mon nom sur ta liste. Bon de là on m’avait perdu. Roller, walkman, à fumer du tcherno et à arpenter Paris qui à l’époque était moins dense. Donc à nous.

Wakafrika, Manu Dibango, 1994

Wakafrika, Manu Dibango, 1994.

Les pochettes de disque c’est très important et j’en ai même fait quelques-unes. Je n’ai pas encore fait une pochette qui soit « ouf ». J’ai découvert ZZ top, Iron Maiden et Dio parce que j’aimais les pochettes. Idem pour celle de Manu Dibango ou sa silhouette dessine l’Afrique avec la contre-plongée de la photo, le vinyl de Sweet Smoke , Just a poke.

Mais les gens seraient étonnés de voir ce que j’écoute je pense. Mon gros stress à l’atelier c’est d’appuyer sur le bouton qui coupe le son avant d’enlever mon casque pour faire la bise. La dernière fois Ohm m’a grillé en train d’écouter « Evidemment » de France gall. Avec sa petite tête d’enfoiré il me dit « petit délire France gall, ça se passe ? ». Ça aurait pu être pire.

Captain Death je l’ai fait en écoutant du Barbara, du Sardou, du Fugees et de la variét’ italienne et du rap italien. Je sais pas si c’est une bonne chose de le dire d’ailleurs.

En répondant à ces questions j’écoute du Daho et du Niagara. Et le matin je me douche sur du Booba alors qu’à la base je détestais ça. Bon, Ohm et Bastien m’ont tellement saoulé avec, qu’ils m’ont converti.


– Que représente la science-fiction pour toi, à quels univers visuels te renvoie-t-elle ?


J’étais plus fantastique que SF. Des classiques m’ont profondément ennuyé comme Dune ou 2001. À coté Abyss ou Terminator sont des traumas, j’adulais ces films.

Je trouve la vie plus incroyable que la SF. Comme tout, ça dépend comment c’est fait et par qui.

En SF pure, j’aime Galaxy Express 999, Cobra, Logan’s Run même si c’est cheap. Sorti des animés japonais, ce n’est pas mon genre de predilection je crois. Le surnaturel, les esprits tout ça. Ça me parle plus.

Galaxy Express 999, diffusée en 1988 dans Club Dorothée.
Galaxy Express 999, diffusée en 1988 dans Club Dorothée.

La quatrième dimension je trouvais ça dément mais je sais pas si ça compte vraiment en SF ? Encore une fois pour moi c’est de la philo ce truc. On est presque entre la parabole et le mythe. J’aime le space opera mais Star wars, c’est du space opera et je suis en saturation totale de cette univers. J’ai bien aimé jusqu’au Retour du Jedi mais je trouvais ça moins stylé que Purple Rain, Moonwalker, Goldorak ou n’importe quel film un peu incarné comme Le prix du danger qui deviendra Running Man.

Le cinema de Carpenter a été un trauma aussi. Mais Jack Burton c’est plus de la comédie et du midnight movies que de la sf à proprement parler. Vous avez l’air si pointu sur le sujet, toi, David Meulemans ou Lloyd Chéry [écouter le podcast C’est plus que de la SF avec Alexis Bacci au sujet de la bd Captain Death] que je ne me vois pas en parler légitimement.

– D’un côté Casterman est une grosse maison d’édition, de l’autre Akasake est un projet underground : comment tu conçois ce grand écart ?

J’ai fait un « travail de commande » pour Casterman. C’était l’occasion de travailler avec Bastien. Je pense que j’ai montré qu’ils pouvaient me faire confiance pour mener un projet a terme. Puis j’ai rencontré des gens, des gens avec qui j’ai senti qu’il était possible de faire des choses. Ce à quoi honnêtement je ne croyais plus, encore moins dans de grosses structures. J’avais tort.

Comme nous nous sommes bien entendu, je peux leur présenter mes projets. Ils me font part de leurs visions et c’est super jusqu’ici. Je sais que je dois faire mes preuves sur les ventes sinon ça s’arrêtera malgré notre envies réciproques de travailler ensemble. Je pense que nous nous faisons confiance pour que cela fonctionne.

Dessin d'Alexi Bacci, Tengu Diaries, rule number eleven
Métaphore du dessinateur face aux critiques sur internet.

Il y a quelque temps, j’ai rendu le storyboard de mon projet à Vincent Petit, pendant deux heures nous avons parlé de ce qu’il fallait affiner. J’étais d’accord avec tout. Je n’ai pas le sentiment de faire des concessions mais plutôt que nous travaillons ensemble à faire le meilleur projet possible.

C’est super de ne pas être seul face au projet. De sentir que quelqu’un y croit. C’est aussi une responsabilité, on me fait confiance. Je dois assurer au maximum de ce que je peux. Maintenant, j’ai des choses que j’ai envie de voir exister. Comme un recueil de dessins que j’ai fait après la mort de mon père, Tengu Diaries.

Ça n’aurait pas de sens d’être publié chez Casterman donc j’en publierai moi-même 500 ou 1000 exemplaires. Sur ce truc, les dessins sont en anglais, en français et en italien. C’est « inéditable ». À part pour trois potes et deux pèlerins qui aiment ce que je fais. J’ai déjà tout traduit en anglais. J’ai pensé l’objet comme un guide avec des règles genre bushido (guide du samurai). Il fallait transformer les dessins pour qu’ils soient cohérents dans un livre.

Dessin d'Alexi Bacci, Tengu Diaries, rule number forty
Métaphore des artistes devant payer leurs factures.

De la même façon que je regarde des films mainstream et des choses plus obscures ou plus pointues. Je fais des choses un peu différentes et je suis extrêmement reconnaissant de pouvoir les faire.

L’essentiel c’est bien que les livres puissent se faire, j’ai de bons liens avec des gens de plusieurs éditeurs mainstream mais j’entends que certains projets ne puissent exister que dans un contexte plus underground.

– Toi qui es dans la force de l’âge, te souviens-tu du temps avant internet ? Quel effet ça fait d’être une espèce en voie de disparition… ou un survivant ?

Internet ça a du bon et du mauvais sûrement. Je pense plutôt que j’ai connu une autre époque. J’en ai la nostalgie. Mais sûrement que certains quadras de mon époque l’avaient aussi. Quand j’avais vu Les nerfs à vif je ne savais pas que c’était un remake. Un pote de ma mère m’explique que « c’est vraiment de la merde et encore plus à côté du remake ». Trois ans plus tard, je vois celui avec Mitchum et je préfère quand même celui de Scorsese. Aujourd’hui il n’y a pas photo. J’ai plus peur de Mitchum que de De Niro.

Robert Mitchum, Cape Fear de J. Lee Thompson, 1962.
Leçon de charisme par Robert Mitchum, Cape Fear de J. Lee Thompson, 1962.

J’ai du mal à voir Paris devenir ça surtout. La ville que j’ai tellement aimée, devenir ce qu’elle devient, c’est douloureux. C’est devenu un chiotte a touristes et ses monuments sont prostitués à de l’événementiel de merde pour remplir les caisses trouées de cette gestion complétement hypocrite et malhonnête. C’est à pleurer. Du coup je fuis à Milan dès que je peux. Je me sens chassé par des mecs né en 90 arrivé ici en 2005 ou 2010, et qui m’expliquent ce que je dois manger ou penser, comment je dois me déplacer.

Les mecs en trottinettes, les gens qui hurlent dans la rue pour un oui ou pour un non. Parce qu’ils sont bourrés ou parce qu’ils parlent fort pour se donner un genre. Ceux qui hurlent dans leur iphone en haut parleur en le tenant comme une tarte aux pommes, sans se préoccuper des autres. Les voitures et les vélos qui font le concours du plus agressif. Je regrette une époque ou quand tu faisais ton malin tu prenais une droite. J’en ai pris et ça m’a éduqué. Mais la violence a passé de tels caps que ce n’est pas plus mal que les gens parlent autant dans le vent.

Sur les réseaux. Voir n’importe quel blaireau se filmer et d’autres gars commenter ou partager ça… Mon dieu… On en est où ? Personne ne parle plus français correctement. D’ailleurs en répondant à ces questions j’ai le sentiment de faire un peu pareil, mais 

ceux qui liront ça auront eu une démarche. Je ne suis pas un pop-up infligé par un algorithme facebook.

Tout ça ce n’est pas la faute d’internet. Je trouve que les gens pensaient de façon plus ouvertes et plus variées avant. Les différences étaient plus acceptées. Mais je me trompe peut-être.

Dessin d’Alexis Bacci quand il était petit et déjà possédé par le démon. Du dessin hein !
Vous en d’mandez encore ?
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