Le vampire comme allégorie de l’artiste
Mais cet antihéros cherche son bonheur envers et contre tout, y compris au détriment de ceux qui l’entourent.
Couverture par Helkarava. Une façon d’encourager le lecteur à ne pas se prendre la tête. |
Le vampire qui voulut être une légende
Extrait d’I am vampire
— Monstru ! Monstru !
— M. Barbec veut que vous vous transformiez en monstres pour être plus efficaces. Cela va sans dire. De quoi, en monstres ? Mais c’est des conneries, ça, on peut pas ! On a peut-être fait semblant un moment, on s’est un peu emportés, mais qui peut croire à ces foutaises ? Pfff, les superstitions d’Europe de l’Est, quelle plaie ! Yann a l’air de se poser moins que questions, il avance vers les demi-macchabées puis leur tourne autour, toujours drapé dans sa ridicule cape de chien-charogne. Il prend un air supersérieux, en plus, il s’y croit ! Il va recommencer sa transe ou quoi ? Une paume s’aplatit sur mon épaule, c’est le gros débris qui se montre insistant : « Vampir ! Vampir ! » Il n’en démord pas, le crétin. J’ai presque envie de rigoler, mais le CRING CRING chargement d’une mitraillette juste à côté de moi me donne un formidable élan pour entrer dans mon rôle. Je m’avance courbé avec les lèvres recourbées, je montre mes dents et mes gencives, doigts crochus devant moi comme un tyrannosaure. Yann, dans son faux déguisement de loup-garou, se met à grogner et faire de grands gestes, les victimes attachées se regardent l’une et l’autre, deux visages ensanglantés à l’air plutôt perplexe. Et moi qui en rajoute en arrivant comme Quasimodo, effet garanti ! Les troubadours sont arrivés, les gars, et ils vont bien vous faire marrer ! C’est pour la double contrainte, vous allez voir, on en connaît l’efficacité : la vraie violence sanglante par les costards roumains, puis les comiques français pour tout alléger, c’est clair que vous allez perdre vos repères ! La douceur d’une bonne blague après le hurlement du nazi, de quoi devenir fou, et on ne va pas vous ménager. [2]
I Am Legend (2007) film de Francis Lawrence avec Will Smith adapté du roman de Richard Matheson. Un titre en rappelle un autre…
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Fiction monstre
Le roman à l’origine du vampire aristocrate, avant Dracula, disponible aux Forges de Vulcain, avec une postface de David Meulemans et votre serviteur. Couverture d’Elena Vieillard. |
Je est vampire
Bêbête humaine
La Chute des anges rebelles de Pieter Brueghel, 1562. Les monstres déjà sont grotesques, mais Dieu est hors de vue. |
Tous les personnages qu’il croise, par conséquent, se font le reflet ou l’écho de ses propres obsessions et incompréhensions : presque tous ceux qui verront une des peintures de Bertrand seront dégoûtés ou horrifiés, notamment, confondant l’artiste avec son art, l’un vampirisant l’autre.
L’art pour lard
L’art moderne et l’art contemporain, autant de charlatans riches à millions, souvent sur argent public, que nous le voulions ou non. Regardez-moi ça, j’ouvre les livres et je vois toutes ces escroqueries sur papier glacé, le bleu de Klein, la pissotière de l’autre, le balai de la Joconde et les boules de Jeff Koons. Maurizio Cattelan passe à peu près, parce qu’au moins il joue cartes sur table : il vend l’espace qu’on lui réserve à des publicitaires, il vole les oeuvres d’autres faiseurs, another fucking ready-made. Duchamp, c’était le début de l’apocalypse. Parlez-moi de Botticelli, parlez-moi de Fra Angelico, de Bosch comme l’autre pétasse ou encore de William Blake ! Mais abattez sur-le-champ tous ces subventionnés, tous ces imposteurs dégénérés, ils nous ont sucé le sang jusqu’à la moelle. Et pendant ce temps-là, je crève de faim, moi qui suis dans la lignée divine. [3]
La banane scotchée (2019) de Maurizio Cattelan vendue 120 000 euros, « dégonflant et abattant ainsi les prétentions de l’art qui l’a précédé » selon le critique d’art Jason Fargo.
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Notes :
[3] Id. p.32-33.